le-champ. Recommandez la plus grande surveillance parmi les postes. On soupçonne le général Wurmser de vouloir profiter du moment de notre joie pour s’échapper.
» Serrurier. »
» P.-S. Je vous prie, général, de faire passer le plus tôt possible au général Wurmser, à Mantoue, la lettre ci-jointe.
Le convoi de bœufs et de grains fut à l’instant même dirigé sur Legnago, et la lettre parvint à Wurmser la nuit même.
L’armée avait grand besoin de ce convoi de grains et de viande ; la preuve en est dans cette lettre que le général Serrurier écrivait à mon père pour le 20 nivôse :
« J’étais instruit, général, que la viande manque ; je n’en ai point parlé parce que je n’y connais pas de remède. Nous sommes dans le même cas que les troupes qui sont à Vérone. J’ai ordonné au commissaire de guerres de délivrer du riz en place, jusqu’à ce que nous puissions faire mieux.
» On ne m’ennuie jamais, général, lorsque l’on s’occupe du soldat ; ceux qui ont servi avec moi savent que je m’en occupe.
» J’ai fait des demandes en effets d’habillement et d’équipement ; mille roupes[1] me sont annoncées depuis mon arrivée, ainsi que quelques paires de souliers pour toute la division, et rien n’arrive.
» Rappelez, je vous prie, à notre adjudant général l’état des officiers que j’ai demandé ; il m’est absolument nécessaire pour remplir les vues du général en chef.
» Serrurier. »
- ↑ Les roupes étaient des espèces de manteaux pareils aux manteaux gris des dragons.