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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/13

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Tout à coup, je poussai un cri de joie. J’avais vu apparaître les cordons du sac de peau.

Je tirai le sac de peau par ses cordons ; le sac de peau vint à moi : il était vide !

Un trou était pratiqué au fond.

La chose se compliquait.

Comment si l’on avait volé l’étui, s’était-on amusé à trouer le sac de peau pour le prendre ? Il était bien plus simple d’emporter le tout ensemble, contenant et contenu.

Une idée lumineuse me traversa l’esprit. Je me mis à creuser avec ardeur, et, à un pied et demi de profondeur, ma bêche heurta enfin un obstacle.

— Voilà l’étui ! m’écriai-je.

En effet, c’était l’étui.

Une taupe, attirée par l’odeur du cuir qui l’enveloppait, avait fait son trou pour arriver jusqu’à lui. Elle avait rongé le sac, et l’étui, entraîné par sa pesanteur, était descendu de lui-même dans le boyau pratiqué par l’aveugle mineur.

Ma mère ouvrit vivement l’étui ; pas un louis ne manquait.

Le soir, la charrette était chargée, le cheval mis aux brancards ; nous partîmes par la route de Paris.

J’étais enchanté ! Nous allions faire une seconde visite à la capitale du monde civilisé, et, quoiqu’elle fût dans un triste état, je n’en étais pas moins désireux de la voir.

Malheureusement, avec nos trente-cinq louis, chose que j’ignorais, nous n’étions pas assez riches pour nous réfugier à Paris.

Il fut décidé qu’on s’arrêterait dans quelque village où la vie serait à bon marché.

La première nuit, nous allâmes jusqu’à Nanteuil. Nous nous arrêtâmes dans une auberge où mon père avait l’habitude de descendre, lorsqu’il allait à Paris. Puis, le lendemain, de très-bonne heure, nous nous remîmes en route.

Vers une heure, nous arrivâmes à la montée assez rapide de Dammartin : nous descendîmes de voiture pour soulager un peu le cheval. On se battait : où ? je n’en sais rien ; mais on