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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/263

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homme que sa haine pour ce qui venait de tomber poussât naturellement aux suprêmes violences.

On choisit M. Dudon.

Qu’était-ce que M. Dudon ? Je suis heureusement trop jeune pour savoir cela ; je le demande, en conséquence, à un homme qui a eu le mérite de la fidélité, au duc de Rovigo.

Voici ce qu’il me répond :

« M. Dudon avait été enfermé à Vincennes, pour avoir déserté son poste, abandonné l’armée d’Espagne, et répandu la terreur dont il était saisi, sur toute la route qu’il avait parcourue. »

Cependant, M. Dudon hésite ; il lui faut un intermédiaire ; il n’ose pas mettre directement la main sur cet or, dont on a si grand besoin pour payer les trahisons passées et les défections à venir.

Voyons, monsieur le duc de Rovigo, à qui s’adresse-t-il ? Dites ! Soyez la bouche de bronze de la Vérité ; j’écris sous votre dictée.

« On eut recours à un officier de gendarmerie d’élite, M. Janin de Chambéry, aujourd’hui officier général, qui était commis à l’escorte de cet argent. Ce jeune homme, voyant un moyen de faire sa fortune, se donna à M. Dudon. Il rassembla son régiment, fit enlever d’autorité les caissons qui contenaient le trésor de l’empereur Napoléon, car on ne les avait pas encore déchargés, et se mit en route pour Paris, où il arriva sans coup férir. »

Mais tout cela, ce n’est point assez ; on a volé l’impératrice, il faut tuer l’empereur.

« Il n’y a que les morts qui ne reviennent pas, » a dit l’homme qu’on a délicatement surnommé l’Anacréon de la guillotine.

On prête tant de mots à M. de Talleyrand, qu’il peut bien emprunter une maxime à Barère.

D’ailleurs, on en conviendra, le 31 mars, Napoléon était bien embarrassant. Il ne faut donc pas trop en vouloir aux gens qui voulaient s’en débarrasser.

Quels étaient ces gens-là ? Maubreuil les nommera lui-même.

Il y avait conférence dans l’hôtel de la rue Saint-Florentin.