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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

spirer pour qui ils voudraient, pourvu qu’ils se conformassent au règlement de ce code.

Voici quel était le considérant général :

« Attendu que force n’est pas droit, et que les Bourbons ont été ramenés par l’étranger, les charbonniers s’associent pour rendre à la nation française le libre exercice du droit, qu’elle a, de choisir le gouvernement qui lui convient. »

Rien n’était défini, comme on voit ; mais, de fait, la souveraineté nationale venait d’être décrétée.

Et cependant elle ne devait être proclamée que trente-sept ans plus tard, — pour être, presque aussitôt sa naissance, frappée au cœur !…

C’est ainsi qu’il arrive de ces beaux aloès qui ne fleurissent que tous les cinquante ans, et qui dépérissent dès qu’ils ont produit leur fleur, fleur brillante mais fatale, puisque non-seulement elle est stérile, mais encore mortelle.

On connaît la division de la charbonnerie en haute vente, ventes centrales et ventes particulières.

Chacune de ces ventes ne pouvait contenir plus de vingt affiliés. On échappait ainsi à l’article du code pénal qui frappait sur les sociétés composées de plus de vingt personnes.

La haute vente fut composée des sept fondateurs de la charbonnerie.

Ces sept fondateurs étaient : Bazard, Dugier, Flottard, Buchez, Carriol, Joubert et Limperani.

Chaque carbonaro devait avoir chez lui un fusil et cinquante cartouches.

Il devait sans cesse, à toute heure du jour et de la nuit se tenir prêt à obéir aux ordres qui lui viendraient des chefs supérieurs.

En même temps que s’organisait la charbonnerie, et que s’établissait une vente supérieure composée des sept membres que nous avons nommés, quelque chose du même genre, mais moins actif, moins décidé, moins vivant, se constituait à la Chambre.