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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/203

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Il n’est pas question de savoir si tu me ferais plaisir, oui ou non ; c’était ton devoir de venir.

— Eh bien, me voici ; mieux vaut tard que jamais.

— Que viens-tu faire ?

— Je viens vous remercier.

— De quoi ?

— De ce que vous avez dit de moi à M. Oudard.

— Tu n’es pas difficile, alors.

— Pourquoi cela ?

— Tu ne sais donc pas ce que j’ai dit ?

— Si fait ; vous avez dit que j’étais un paresseux ; que je n’étais bon qu’à me faire faire des procès-verbaux ; que j’avais usé, les uns après les autres, tous les notaires de Villers-Cotterets et de Crépy.

— Eh bien, tu trouves qu’il y a de grands remercîments à me faire pour cela ?

— Aussi, n’est-ce pas pour cela que je viens vous remercier ; c’est pour ce que vous avez ajouté.

— Je n’ai rien ajouté.

— Mais si !… Vous avez ajouté…

— Je n’ai rien ajouté, te dis-je ; mais à toi j’ajouterai quelque chose : c’est que, si tu t’avises de faire là-haut tes ordures de pièces et tes guenilles de vers, comme tu faisais à Villers-Cotterets, je te réclame, je te prends avec moi, je te claquemure dans un de mes bureaux, et je te rends la vie dure… rapporte-t-en à moi !

— Dites donc, mon cousin…

— Quoi ?

— Pendant que je suis ici…

— Eh bien ? — Si vous ne me laissiez pas remonter.

— À cause ?

— À cause que — c’est une faute de français, je le sais bien ; mais Corneille et Bossuet l’ont bien faite ; — à cause que je ne suis venu à Paris que pour faire mes guenilles de vers et mes ordures de pièces, et qu’au secrétariat ou ici, il faudra bien que je les fasse.