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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/203

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

quois qui indiquait que le chef de bataillon donnait à plein col lier dans le panneau.

Les cent hommes d’escorte et les deux cent cinquante paysans calabrais partirent pour le quartier général, distant de six lieues.

Seulement, on n’eut, au quartier général, aucune nouvelle de Fra Diavolo, et les cent hommes d’escorte ne reparurent jamais.

Arrivés dans un défilé, les cent Français avaient été égorgés, et Fra Diavolo et ses deux cent cinquante hommes avaient regagné la montagne !

Le colonel Hugo était piqué au jeu : ce fut, dès lors, entre lui et le chef calabrais, un assaut de ruses, un travail de marches et de contre-marches dans lequel Fra Diavolo finit par être vaincu.

Pris une seconde fois, Fra Diavolo fut envoyé à Naples, où devait s’instruire son procès, et les vingt mille ducats furent immédiatement payés à ceux que s’étaient emparés de lui.

Un matin, le colonel Hugo apprit que Fra Diavolo était condamné à être pendu.

Pendu ! le mot sonnait mal à des oreilles françaises.

Le colonel Hugo partit à l’instant même pour Naples, et se présenta chez le roi, afin d’obtenir, non pas une commutation de peine, mais une commutation de supplice.

Il venait demander que Fra Diavolo, en sa qualité d’homme de guerre, fût fusillé.

Malheureusement, avant d’être homme de guerre, Fra Diavalo avait été bandit ; avant de servir le cardinal Ruffo et Ferdinand Ier, Fra Diavolo s’était servi lui-même.

Les dossiers représentés par le roi Joseph au colonel Hugo étaient si bien rembourrés de guet-apens, de meurtres, d’incendies, que le colonel Hugo fut le premier à retirer sa proposition.

En conséquence, le colonel Michel Pezza, dit Fra Diavolo, comte de je ne sais plus quoi, fut pendu haut et court.

En 1808, Napoléon ayant déclaré que les Bourbons d’Espagne avaient cessé de régner, Joseph Bonaparte passa du trône