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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/299

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

étaient rédigés par Merle, Théaulon, Brisset, Martainville, Lassagne, Nodier et Mély-Jannin.

Les uns travaillaient pour le Théâtre-Français, et, ayant usurpé la place, voulaient la garder ; les autres n’avaient, en général, travaillé que pour les boulevards, et ils voulaient qu’une brèche opérée aux remparts classiques leur donnât à leur tour entrée dans la place. Merle était, en outre, le mari de madame Dorval, dont le talent commençait à faire sensation, et qui avait créé, avec un succès incontesté, les rôles d’Amélie dans Trente Ans ou la Vie d’un joueur, de Charlotte Corday dans Sept Heures, et de Louise dans l’Incendiaire. — Nous ne parlons pas de celui d’Héléna dans Marino Faliero : le rôle était mauvais, et madame Dorval avait cela de particulier qu’elle ne savait pas rendre bon un mauvais rôle.

J’ai dit que les répétitions de Christine avaient commencé. Laissons-les aller leur train, et faisons une trouée dans le monde de la ville, que nous avons abandonné depuis un bien long temps, ce nous semble, pour le monde du théâtre.

Tout en changeant de scène, nous retrouverons sur celle où je conduis le lecteur un comédien qui valait bien les acteurs que nous quittons.

Ce n’était point, au reste, un de ceux qui, depuis cinquante ans, eussent joué les rôles les moins curieux dans le grand drame qui avait attiré tous les yeux et occupé tous les esprits pendant la tin du xviiie et le commencement du xixe siècle.

Pour que le lecteur sache à quoi s’en tenir, nous lui dirons tout de suite qu’il s’agit de Paul-François-Jean-Nicodème comte de Barras.