Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

sur la mi-nuit, fut aussitôt investi et assailli par dix ou douze qui accompagnoient le seigneur de Monsoreau, lesquels de furie se ruèrent sur lui pour le massacrer : ce gentilhomme, se voyant si pauvrement trahi, et qu’il étoit seul (comme on ne s’accompagne guères pour telles exécutions), ne laissa pourtant de se défendre jusques au bout, montrant que la peur, comme il disoit souvent, jamais n’avoit trouvé place en son cœur ; car, tant que lui demeura un morceau d’épée dans la main, il combattit toujours, et jusques à la poignée, et après s’aida des tables, bancs, chaises et escabelles, avec lesquels il en blessa trois ou quatre de ses ennemis, jusques à ce qu’étant vaincu par la multitude, et dénué de toutes armes et instruments pour se défendre, fut assommé près une fenêtre par laquelle il se vouloit jeter pour se cuider sauver. Telle fut la fin du capitaine Busy… »

C’est avec ce paragraphe relatif à Bussy, et le paragraphe relatif à Saint-Mégrin, que j’ai fait mon drame.

Quant aux détails de mœurs, M. Villenave m’avait indiqué, à cet endroit, deux livres précieux : la Confession de Sancy, et l’Île des Hermaphrodites.

C’est à propos d’Henri III qu’il est facile de voir que la faculté dramatique est innée chez certains hommes. J’avais vingt-cinq ans ; Henri III était ma seconde œuvre sérieuse : qu’un critique consciencieux la prenne et la soumette au plus sévère examen, il y trouvera tout à reprendre comme style, rien comme plan. J’ai fait cinquante drames depuis Henri III, aucun n’est plus savamment fait.