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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/225

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

but vous voulez rentrer chez vous, je vous prie de demeurer où vous êtes.

Le sergent s’arrêta.

Le capitaine Mollard me rendit l’ordre.

— C’est bien, monsieur, dit-il. Maintenant, que désirez-vous ?

— Ce que je désire, monsieur, c’est bien simple… Voyez ce drapeau tricolore…

Il fit un signe de tête qui signifiait qu’il l’avait parfaitement vu.

— Sa substitution au drapeau blanc, continuai-je, vous prouve que j’ai des intelligences dans la ville… La ville va se soulever.

— Après, monsieur ?

— Après, monsieur, on m’a dit que je trouverais dans les trois gardiens de la poudrière de braves patriotes qui, au lieu de s’opposer aux ordres du général Gérard, m’aideraient dans mon entreprise. Je me présente donc à vous avec confiance, vous demandant votre coopération dans l’affaire.

— Vous comprenez, monsieur, me dit le capitaine, que notre coopération est impossible.

— Eh bien, alors, votre neutralité.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda un troisième interlocuteur paraissant sur le seuil de la porte avec un foulard noué autour de la tête, en chemise et vêtu d’un simple pantalon de toile.

— Colonel, dit le sergent en faisant un pas vers l’officier supérieur, c’est un envoyé du général Gérard. Il paraît que la révolution de Paris est faite, et que le général Gérard est ministre de la guerre.

J’arrêtai l’orateur, qui continuait de s’avancer vers la maison :

— Monsieur, lui dis-je, au lieu d’aller au colonel, priez, s’il vous plaît, le colonel de venir à nous. Je serai heureux de lui présenter mes compliments, et de lui montrer l’ordre du général Gérard.

— Est-il de la main du général, monsieur ? dit le colonel.