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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/229

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Je crois qu’il lui a dit qu’il allait l’assommer s’il ne se tenait pas tranquille.

— Et où est-il dans ce moment-ci ?

— Qui ? M. Hutin ?

— Oui.

— Il doit être chez le docteur, comme il a promis.

— Alors, à merveille ! vous allez rester ici, vous.

— Bon ! qu’y ferai-je ?

— Attendez.

Bard me suivit des yeux dans le mouvement que j’exécutai.

— Ah ! le joli petit canon ! s’écria-t-il.

En effet, je me dirigeais vers une jolie petite pièce de quatre, et même, à ce que je crois, d’un modèle au-dessous, laquelle était remisée à l’abri d’une espèce de hangar.

— N’est-ce pas que c’est un charmant joujou ?

— Charmant !

— Alors, aidez-moi, cher ami.

— À quoi ?

— À mettre cette pièce en place. En cas de siège, il faut que je vous laisse de l’artillerie.

Nous nous attelâmes à la pièce, et je la mis en batterie à trente pas à peu près de la porte.

Puis je glissai la moitié du contenu de ma poire à poudre dans le canon ; je le bourrai avec mon mouchoir de poche ; sur cette première bourre, je glissai une vingtaine de balles ; puis, sur les balles, j’appuyai le mouchoir de poche de Bard, et la pièce se trouva chargée.

Une fois chargée, je la pointai et l’amorçai.

— La ! dis-je en respirant ; maintenant, voici ce que vous avez à faire.

— J’écoute les instructions.

— Combien de cigarettes pouvez-vous fumer de suite ?

— Oh ! tant que j’ai du tabac ou de l’argent pour en acheter !

— Eh bien, mon cher, fumez sans désemparer, afin d’avoir toujours une cigarette allumée ; si l’on veut entrer malgré vous et forcer la porte, invitez trois fois les gens qui voudront en-