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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/49

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Tout ce que je puis faire, dit celui-ci, c’est de vous donner des adresses de loueurs de voitures.

— Donnez… On trouvera le reste, d’autant plus que vous ne me paraissez pas fort, vous !

Le bourgeois donna les adresses de deux ou trois loueurs de voitures.

On quitta la mairie, qui était située à gauche, en entrant dans la ville, à trois cents pas à peu près avant le château.

On revint du côté de Paris.

Une magnifique enseigne rôtissait au soleil de midi ; elle représentait une calèche attelée de quatre chevaux, et deux chevaux de selle tenus par des grooms.

L’eau en vint à la bouche de Charras.

— Holà ! hé ! le patron ! cria-t-il.

— C’est moi, monsieur, dit un individu d’assez mauvaise humeur.

— Une voiture et deux chevaux tout de suite.

— Pour qui ?

— Pour les personnes que j’aurai à mettre dedans.

— Et quelles sont ces personnes ?

— Je ne les connais pas encore.

— Je n’ai pas de voitures.

— Ah ! vous n’avez pas de voitures ?

— Non.

— Et celles-là, qui sont dans la cour ?

— Elles sont retenues.

— Ah ! c’est bien.

Charras regarda autour de lui : plus de cent personnes étaient déjà amassées ; parmi les spectateurs se trouvaient une douzaine de gardes nationaux et un sergent.

— Sergent, dit Charras, faites-moi donc le plaisir d’empoigner monsieur.

Le Français, surtout lorsqu’il est revêtu d’un habit de garde national, est naturellement empoigneur. Le sergent Mercier, qui refusa d’empoigner Manuel, fut une exception : Voilà pourquoi on lui rendit de si grands honneurs.