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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/155

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

« M. Jay m’a renvoyé le carton, la couronne et la faveur blanche, avec ce billet :

« Madame,

» L’épigramme est jolie, et, quoiqu’elle porte à faux, elle est de trop bon goût pour que je ne tienne pas à la garder.
» Quant à la couronne, elle appartient à la grâce et au talent, et je m’empresse de la remettre à vos pieds.

» A. Jay.
30 avril 1834. »

Comme j’en avais prévenu M. Thiers, j’en appelai de sa décision au tribunal de commerce.

L’affaire vint le 2 juin suivant.

Mon ami maître Mermilliod réclama en mon nom la représentation d’Antony, ou douze mille francs de dommages-intérêts. Maître Nouguier, avocat de M. Jouslin de la Salle, offrit, au nom de son client, de jouer Antony, mais à la condition que j’apporterais la mainlevée du ministère de l’intérieur. Maître Legendre, agréé du ministère de l’intérieur, déclina la compétence du tribunal, attendu, dit-il, que les actes de l’autorité administrative ne pouvaient être soumis à l’appréciation de l’autorité judiciaire.

C’était bien simple, comme on voit : le ministère me volait ma bourse ; et, quand je réclamais ma bourse volée, le ministère me disait : « Halte là, faquin ! je suis trop grand seigneur pour être poursuivi ! »

Heureusement, le tribunal ne se laissa point intimider par les grands airs de maître Legendre, et il ordonna que M. Jouslin de la Salle comparaîtrait en personne à la barre.

L’affaire était remise à quinzaine.

Maintenant, j’ouvre la Gazette des Tribunaux, et je copie.

tribunal de commerce de la seine.
présidence de m. vassal.  —  Audience du 30 juin 1834.
Alexandre Dumas contre Jouslin de la Salle.

» Maître Henry Nouguier, agréé de la Comédie-Française :