« M. Jay m’a renvoyé le carton, la couronne et la faveur blanche, avec ce billet :
» L’épigramme est jolie, et, quoiqu’elle porte à faux, elle est de trop bon goût pour que je ne tienne pas à la garder.
» Quant à la couronne, elle appartient à la grâce et au talent, et je m’empresse de la remettre à vos pieds.
Comme j’en avais prévenu M. Thiers, j’en appelai de sa décision au tribunal de commerce.
L’affaire vint le 2 juin suivant.
Mon ami maître Mermilliod réclama en mon nom la représentation d’Antony, ou douze mille francs de dommages-intérêts. Maître Nouguier, avocat de M. Jouslin de la Salle, offrit, au nom de son client, de jouer Antony, mais à la condition que j’apporterais la mainlevée du ministère de l’intérieur. Maître Legendre, agréé du ministère de l’intérieur, déclina la compétence du tribunal, attendu, dit-il, que les actes de l’autorité administrative ne pouvaient être soumis à l’appréciation de l’autorité judiciaire.
C’était bien simple, comme on voit : le ministère me volait ma bourse ; et, quand je réclamais ma bourse volée, le ministère me disait : « Halte là, faquin ! je suis trop grand seigneur pour être poursuivi ! »
Heureusement, le tribunal ne se laissa point intimider par les grands airs de maître Legendre, et il ordonna que M. Jouslin de la Salle comparaîtrait en personne à la barre.
L’affaire était remise à quinzaine.
Maintenant, j’ouvre la Gazette des Tribunaux, et je copie.
» Maître Henry Nouguier, agréé de la Comédie-Française :