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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/170

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

orageuse. On vivait vite, et d’une façon fort mouvementée, à cette époque.

Écoutons M. le procureur du roi :

« Le 9 mai dernier, une réunion de deux cents personnes s’assembla au restaurant des Vendanges de Bourgogne, faubourg du Temple pour célébrer l’acquittement de MM. Trélat, Cavaignac et Guinard. Le repas eut lieu dans une salle du rez-de-chaussée donnant sur le jardin. Divers toasts furent portés où se trouvaient exprimées les opinions les plus hostiles contre le gouvernement actuel.

» C’est au milieu de cette réunion qu’Évariste Gallois se leva et dit à haute voix, de son propre aveu : À Louis-Philippe ! en tenant un poignard à la main. Il répéta deux fois ce cri. Plusieurs personnes, l’imitèrent en levant le bras, et en criant à leur tour : À Louis-Philippe ! Alors, des sifflets se firent entendre, soit que les convives voulussent désavouer cet affreux attentat, soit, comme le déclare Gallois, qu’on supposât qu’il portait la santé du roi des Français ; il est, cependant, bien établi que plusieurs convives blâmèrent hautement ce qui s’était passé.

» Le couteau-poignard avait été commandé par Gallois, le 6 mai, au coutelier Henry. Il avait paru très-pressé de l’avoir, en alléguant faussement un voyage. »

Nous allons maintenant reproduire l’interrogatoire du prévenu dans toute sa simplicité.


Le président. — Accusé Gallois, faisiez-vous partie de la réunion qui eut lieu, le 9 mai dernier, aux Vendanges de Bourgogne ?
L’accusé. — Oui, monsieur le président ; et même, si vous voulez me permettre de renseigner sur les faits qui s’y sont passés, je vous épargnerai la peine de m’interroger.
Le président. — Nous écoutons.
L’accusé. — Voici l’exacte vérité sur l’événement auquel je dois l’honneur de comparaître devant vous. J’avais un couteau qui avait servi à découper pendant tout le temps du re-