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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/204

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

BÉRENGÈRE, YAQOUB.

— Yaqoub, si vos paroles
Ne vous échappent point comme des sons frivoles,
Vous m’avez dit ces mots : « S’il était ; par hasard,
Un homme dont l’aspect blessât votre regard ;
Si ses jours sur vos jours avaient cette influence
Que son trépas pût seul finir votre souffrance ;
De Mahomet lui-même eût-il reçu ce droit,
Quand il passe, il faudrait me le montrer du doigt ! »
Vous avez dit cela ?
— Je l’ai dit… Je frissonne !
Mais un homme par moi fut excepté.
— Personne.
— Un homme à ma vengeance a le droit d’échapper…
— Si c’était celui-là qu’il te fallût frapper ?
S’il fallait que sur lui la vengeance fût prompte ?…
— Son nom ?
— Le comte.
— Enfer ! je m’en doutais ; le comte !
— Entendez-vous ? le comte !… Eh bien ?
— Je ne le puis !
— Adieu donc pour toujours !
— Restez, ou je vous suis.
— J’avais cru jusqu’ici, quelle croyance folle !
Que les chrétiens eux seuls manquaient à leur parole.
Je me trompais, c’est tout.
— Madame…
— Laissez-moi !
Oh ! mais vous mentiez donc ?
— Vous savez bien pourquoi
Ma vengeance ne peut s’allier à la vôtre :
Il m’a sauvé la vie… Oh ! nommez-moi tout autre !

. . . . . . . . . . . . . . .

Un instant, Bérengère, écoutez-moi !

— J’écoute :
Dites vite.
— J’ai cru, je me trompais sans doute,
Qu’ici vous m’aviez dit, ici même… Pardon !