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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/206

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Demain ! Et, d’ici là, que ferai-je ? Ah ! tu veux,
Cette nuit, qu’à deux mains j’arrache mes cheveux ;
Que je brise mon front à toutes les murailles ;
Que je devienne folle ? Ah ! demain ! mais tu railles !
Et si ce jour était le dernier de nos jours ?
Si cette nuit d’enfer allait durer toujours ?
Dieu le peut ordonner, si c’est sa fantaisie.
Demain ? Et si je suis morte de jalousie ?
Tu n’es donc pas jaloux, toi ? tu ne l’es donc pas ?…

Je m’abstiens de citer le reste de la scène, dont les moyens, je crois, m’appartiennent en propre. Yaqoub cède : il s’élance dans la chambre du comte ; Bérengère se jette derrière un prie-Dieu ; le comte passe avec sa nouvelle épouse ; il entre dans sa chambre ; on entend un cri.

BERENGÈRE, puis YAQOUB et LE COMTE.
BÉRENGÈRE.

Le voilà qui tombe !
Savoisy, retiens-moi ma place dans ta tombe !

(Elle avale le poison qu’elle avait montré à Yaqoub.)
YAQOUB.

… Fuyons ! il vient !

(Le comte paraît, sanglant et se cramponnant à la tapisserie.)
LE COMTE.

C’est toi.
Yaqoub, qui m’as tué !

BÉRENGÈRE.

Ce n’est pas lui : c’est moi !

LE COMTE.

Bérengére !… Au secours ! Je meurs !

YAQOUB.

Maintenant, femme,
Fais-moi tout oublier, car c’est vraiment infâme !