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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/258

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

trouver de bonnes raisons pour la faire avaler aux contribuables, qui s’avise de dire en pleine Chambre :

— Si le luxe est banni du palais du roi, il le sera bientôt des maisons de ses sujets.

À ces mots, l’explosion fut prompte et immense ; on eût dit qu’ils avaient mis le feu à la poudrière de Grenelle.

Les hommes qui font les rois ne sont pas les sujets des rois qu’ils font ! s’écrie M. Marchal. Il n’y a plus de sujets en France.

— Il y a un roi, cependant, glisse M. Dupin, qui touche un traitement direct de ce roi.

— Il n’y a plus de sujets, répète M. Leclerc-Lasalle. À l’ordre, le ministre à l’ordre !

— Je ne comprends pas la valeur de l’interruption, répond M. de Montalivet.

— C’est une insulte à la Chambre, s’écrie M. Laboissière.

— À l’ordre ! à l’ordre ! à l’ordre !

Le président agite sa sonnette.

— À l’ordre !! à l’ordre !! à l’ordre !!

Le président se couvre.

— À l’ordre !!! à l’ordre !!! à l’ordre !!!

Le président lève la séance.

Les députés sortent en criant : « À l’ordre ! à l’ordre ! à l’ordre ! »

Tout cela était plus grave qu’on ne l’eût cru au premier abord : c’était une rude atteinte à la renommée bourgeoise qui avait fait Louis-Philippe roi de France.

Le même jour, sous la présidence d’Odilon Barrot, cent soixante-sept membres de la chambre signèrent une protestation contre le mot sujet.

Quant à la liste civile, elle fut réduite à quatorze millions.

Un douaire fut attribué à la reine en cas de décès du roi ; une dotation annuellé d’un million fut accordée à M. le duc d’Orléans.

C’était un triomphe, mais un triomphe humiliant ; les débats de la Chambre sur le mot sujet, les lettres de M. de Cor… — Peste qu’allions-nous faire ? nous allions confondre Timon