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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/307

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

reine. Sa Majesté choisit des yeux la plus jolie et lui décerne du geste cette faveur. Deux dames reçoivent des mains des pages la culotte et l’épée, les autres laissent passer le roi, et referment brusquement leurs rangs. — Quand la portière est retombée derrière Sa Majesté, la nourrice crie : Vive le roi !

» Ce cri est répété par tous les assistants.

» Une symphonie, qui d’abord a joué avec solennité l’air des Folies d’Espagne, termine le concert en charivari. »

L’ouvrage n’eut qu’une représentation, et encore manqua-t-il ne pas l’avoir entière.

Dès le même soir, M. de Latouche retira sa pièce.

Mais, tenu quitte de sa pièce par le public, M. de Latouche était d’une nature trop irascible et trop rancunière pour tenir le public quitte de sa pièce. Il fit comme M. Arnault, ou à peu près : il appela de la représentation à l’impression ; seulement, il ne dédia point la Reine d’Espagne au souffleur. On avait trop entendu ce qu’avaient dit les acteurs, depuis le premier jusqu’au dernier mot : la pièce était tombée sous un soulèvement de pudeur et de morale. L’auteur débattit la question d’impudeur et d’immoralité.

Nous reproduisons la préface de notre confrère de Latouche.

Annaliste, nous consignons le fait ; archiviste, nous classons la pièce dans nos archives.

La voici :

« Si cette comédie fût tombée, au théâtre, sous l’accusation de manquer aux premiers principes de la vie dans les arts, je l’aurais laissée dans l’oubli qu’elle mérite peut-être ; mais elle a été repoussée par une portion du public, dans une seule et douteuse épreuve, sous la prévention d’impudeur et d’immoralité ; quelques journaux de mes amis l’ont traitée d’obscénité révoltante, d’œuvre de scandale et d’horreur. Je la publie comme une protestation contre ces absurdités ; car, si j’accepte la condamnation, je n’accepte pas le jugement. On.