Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Le maréchal fut chargé de présenter à l’Autriche l’ultimatum de M. Laffitte.

Cet ultimatum était précis : « La non-intervention ou la guerre ! »

On ignorait encore, à cette époque, le système adopté par Louis-Philippe de conserver la paix à tout prix.

L’Autriche répondit comme si elle eût connu la secrète pensée du roi de France. Sa réponse était non-seulement ferme, mais encore insolente.

La voici :

« Jusqu’à ce jour, l’Autriche a laissé la France mettre en avant le principe de non-intervention ; mais il est temps que la France sache que nous n’entendons point le reconnaître en ce qui concerne l’Italie. Nous porterons nos armes partout où s’étendra l’insurrection. Si cette intervention doit amener la guerre, eh bien, vienne la guerre ! nous aimons mieux en courir les chances que d’être exposés à périr au milieu des émeutes. »

Avec les instructions que le maréchal avait reçues, la note que nous venons de citer ne laissait aucun jour à un arrangement ; en conséquence, à la même heure où il envoyait la réponse de M. de Metternich au roi Louis-Philippe, il écrivait au général Guilleminot, notre ambassadeur à Constantinople, que la France était forcée de tirer l’épée, et qu’il eût à faire un appel à la vieille alliance de la Turquie avec la France.

Le maréchal Maison ajoutait, comme post-scriptum, à la note de M. de Metternich :

« Il n’y a pas un instant à perdre pour conjurer le danger dont la France est menacée ; il faut, en conséquence, prendre l’initiative, et jeter cent mille hommes dans le Piémont. »

Cette dépêche, adressée à M. Sébastiani, ministre des affaires étrangères, avec lequel, en sa qualité d’ambassadeur,