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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/136

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Alors, la seule gaieté permise était la gaieté satanique, la gaieté de Méphistophélès ou de Manfred.

Gœhe et Byron étaient les deux grands rieurs du siècle.

J’avais mis, comme les autres, un masque sur mon visage. Voyez mes portraits de cette époque-là : il y en a un de Devéria, fait en 1831, qui peut parfaitement, et avec quelques modifications, devenir le portrait d’Antony.

Ce masque, au reste, devait tomber peu à peu, et laisser mon visage à découvert dans les Impressions de voyage.

Mais, je le répète, en 1832, je posais encore pour Manfred et Childe Harold.

Or, comme on n’a, quand on est un tempérament impressionnable, de ces sortes de travers-là qu’avec une époque tout entière, l’époque qui posait elle-même pour le sombre et pour le terrible, après avoir fait un succès à mes débuts, comme poëte dramatique, fit un succès à mes débuts comme romancier.

CCXXXII

Succès de mes Scènes historiques. — Clovis et Hlode-Wig. — Je veux me mettre à étudier sérieusement l’histoire de France. — L’abbé Gauthier et M. de Moyencourt. — Cordelier-Delanoue me révèle Augustin Thierry et Chateaubriand. — Nouveaux aspects de l’histoire. — Un drame en collaboration avec Horace Vernet et Auguste Lafontaine. — Édith aux longs cheveux.

Mes Scènes historiques sur le règne de Charles VI furent un des premiers succès de la Revue des Deux Mondes.

Ce succès me décida à faire une suite de romans qui s’étendraient du règne de Charles VI jusqu’à nos jours.

Mon premier désir est toujours illimité ; ma première inspiration est toujours pour l’impossible. Seulement, comme je m’y entête, moitié par orgueil, moitié par amour de l’art, j’arrive à l’impossible. Comment ? — J’essayerai de vous le dire, mais je ne le comprends pas bien moi-même : — en tra-