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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

réclamation ; ce fut lui qui voulut me la dicter, et me la dicta ! Il était furieux contre MM. Harel et Dumas.

Ce n’est pas tout encore ; à la suite du procès qui s’éleva entre M. Harel et moi devant le tribunal de commerce, M. Janin écrivit lui-même à M. Darmaing, pour appuyer une réclamation que je fis à la Gazette des Tribunaux : « Je prie M. Darmaing d’insérer la petite note ci-jointe, je l’en prie en mon nom et en celui de M. Gaillardet. Je ne comprends pas l’opiniâtreté avec laquelle on cherche à dépouiller ce jeune homme de ce qui lui appartient, etc. » (Voir la Gazette des Tribunaux du 1er juillet 1832.)

Qu’en dites-vous, lecteur ?… J’avais promis de conter les petits secrets de cette apostasie, mais la place me manque ; et puis j’ai réfléchi que cela n’en valait pas la peine !

Et je signe : F. Gaillardet.

Après cette réponse, on comprend que M. Gaillardet n’avait aucun droit de retarder notre duel, puisqu’ayant gardé moins de mesure que moi, c’était moi qui me trouvais l’offensé.

Aussi, sur une nouvelle visite de mes témoins, la rencontre fut-elle fixée au 17 octobre 1834.

CCXXXVII

L’épée et le pistolet. — D’où vient ma répugnance pour cette dernière arme. — La poupée de Philippe. — La statue de Corneille. — Un autographe in extremis. — Le bois de Vincennes. — Une toilette de duel. — Question scientifique posée par Bixio. — Les conditions du combat. — Procès-verbal des témoins. — Comment Bixio eut la solution de son problème.

J’avais désiré que la rencontre eût lieu à l’épée ; M. Gaillardet insista pour qu’elle eût lieu au pistolet.

Je répugne fort à cette arme ; elle me paraît brutale et plutôt celle du voleur qui attaque le passant au coin d’un bois que celle du loyal combattant qui défend sa vie.

Ce que je crains surtout au pistolet (au reste, je ne me suis battu que deux fois à cette arme), c’est encore plus la maladresse que l’adresse.