CCXL
On devait gagner l’endroit où se tenait la voiture par des sentiers étroits, difficiles, pleins de ronces ; Madame y perdit son châle.
C’était pendant la nuit du jeudi au vendredi 4 mai.
La voiture, amenée par MM. de B…l et de Villeneuve, attendait au rendez-vous.
La nuit était calme, silencieuse et limpide ; quoique la lune fût seulement dans son premier quartier, on pouvait voir à quelque distance.
Or, on crut apercevoir un homme à cheval qui stationnait sur la route.
Un de ces messieurs se glissa sur les côtés, et revint en annonçant que l’homme à cheval était un gendarme.
En même temps, on commençait à entendre le pas d’une troupe de chevaux, et, sous les pas encore lointains de cette cavalerie, on voyait jaillir des étincelles.
Fallait-il partir comme des fugitifs, ou payer d’audace en restant ?
Madame fut pour l’audace ! en fuyant, si vite que ce fût, on serait toujours rejoint ; en attendant, si les soupçons n’existaient pas, on avait la chance de n’en pas donner.
La troupe avançait au grand trot, et on ne tarderait pas à être remarqué.
Cette troupe était composée de douze chevaux de poste con-