L’œuvre de chacun des deux rédacteurs se présenta avec son cachet particulier : M. de Cormenin rappelait trop le hardi pamphlétaire qui signait Timon le Misanthrope. M. Odilon Barrot, au contraire, semblait trop exclusivement enchaîner l’avenir de la France à la forme monarchique.
Ni l’un ni l’autre des deux projets ne fut donc adopté.
Il fut convenu que MM. de Cormenin et Barrot, de leurs deux projets n’en feraient qu’un, ou plutôt rédigeraient en commun le manifeste, qui allait fort ressembler à une déclaration de guerre.
Tous deux partirent le matin pour Saint-Cloud, et, le soir, revinrent avec le manifeste. Il était de l’écriture de M. de Cormenin ; mais il était facile de voir qu’Odilon Barrot était pour beaucoup dans la rédaction.
Cependant, quelle que fût la mesure apportée par M. Barrot à cette œuvre, le compte rendu prit le caractère, sinon d’une menace, tout au moins d’un austère et solennel avertissement.
Il parut le 28 mai 1832. Cent trente-trois députés l’avaient signé.
L’impression fut profonde, et la mort du général Lamarque, l’un des signataires principaux du manifeste, vint jeter sur la situation un voile sombre et presque mystérieux qu’étend sur certains jours néfastes la main de la mort.
CCXLII
Le 1er juin, à onze heures et demie du soir, le général Lamarque avait rendu le dernier soupir.