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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/297

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

L’œuvre de chacun des deux rédacteurs se présenta avec son cachet particulier : M. de Cormenin rappelait trop le hardi pamphlétaire qui signait Timon le Misanthrope. M. Odilon Barrot, au contraire, semblait trop exclusivement enchaîner l’avenir de la France à la forme monarchique.

Ni l’un ni l’autre des deux projets ne fut donc adopté.

Il fut convenu que MM. de Cormenin et Barrot, de leurs deux projets n’en feraient qu’un, ou plutôt rédigeraient en commun le manifeste, qui allait fort ressembler à une déclaration de guerre.

Tous deux partirent le matin pour Saint-Cloud, et, le soir, revinrent avec le manifeste. Il était de l’écriture de M. de Cormenin ; mais il était facile de voir qu’Odilon Barrot était pour beaucoup dans la rédaction.

Cependant, quelle que fût la mesure apportée par M. Barrot à cette œuvre, le compte rendu prit le caractère, sinon d’une menace, tout au moins d’un austère et solennel avertissement.

Il parut le 28 mai 1832. Cent trente-trois députés l’avaient signé.

L’impression fut profonde, et la mort du général Lamarque, l’un des signataires principaux du manifeste, vint jeter sur la situation un voile sombre et presque mystérieux qu’étend sur certains jours néfastes la main de la mort.

CCXLII

Derniers moments du général Lamarque. — Ce qu’avait été sa vie. — Une de mes entrevues avec lui. — Je suis désigné comme un des commissaires du convoi. — Le cortège. — Symptômes d’agitation populaire. — Défilé sur la place Vendôme. — Le duc de Fitz-James. — Conflits provoqués par des sergents de ville. — Les élèves de l’École polytechnique se joignent au cortège. — Arrivée du convoi au pont d’Austerlitz. — Discours. — Premiers coups de feu. — L’homme au drapeau rouge. — Allocution d’Étienne Arago.

Le 1er juin, à onze heures et demie du soir, le général Lamarque avait rendu le dernier soupir.