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Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/123

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— Qu’a dit Marguerite, quand j’ai été parti ?

— Elle a ri, et m’a assuré qu’elle n’avait jamais rien vu d’aussi drôle que vous. Mais il ne faut pas vous tenir pour battu ; seulement ne faites pas à ces filles l’honneur de les prendre au sérieux. Elles ne savent pas ce que c’est que l’élégance et la politesse ; c’est comme les chiens auxquels on met des parfums, ils trouvent que cela sent mauvais et vont se rouler dans le ruisseau.

— Après tout, que m’importe ? dis-je en essayant de prendre un ton dégagé, je ne reverrai jamais cette femme, et si elle me plaisait avant que je la connaisse, c’est bien changé maintenant que je la connais.

— Bah ! je ne désespère pas de vous voir un jour dans le fond de sa loge, et d’entendre dire que vous vous ruinez pour elle. Du reste, vous aurez raison, elle est mal élevée, mais c’est une jolie maîtresse à avoir.” Heureusement, on leva le rideau et mon ami se tut.

Vous dire ce que l’on jouait me serait impossible. Tout ce que je me rappelle, c’est que de temps en temps je levais les yeux sur la loge que j’avais si brusquement quittée, et que des figures de visiteurs nouveaux s’y succédaient à chaque instant.

Cependant, j’étais loin de ne plus penser à Marguerite.