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Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/163

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pas, mais si vous ne me laissez pas vous aimer.

— Mais, malheureux que vous êtes, je vous dirai ce que disait Mme D… : Vous êtes donc bien riche ! Mais vous ne savez donc pas que je dépense six ou sept mille francs par mois, et que cette dépense est devenue nécessaire à ma vie ; mais vous ne savez donc pas, mon pauvre ami, que je vous ruinerais en un rien de temps, et que votre famille vous ferait interdire pour vous apprendre à vivre avec une créature comme moi. Aimez-moi bien, comme un bon ami, mais pas autrement. Venez me voir, nous rirons, nous causerons, mais ne vous exagérez pas ce que je vaux, car je ne vaux pas grand-chose. Vous avez un bon cœur, vous avez besoin d’être aimé, vous êtes trop jeune et trop sensible pour vivre dans notre monde. Prenez une femme mariée. Vous voyez que je suis une bonne fille et que je vous parle franchement.

— Ah çà ! que diable faites-vous là ? cria Prudence que nous n’avions pas entendue venir, et qui apparaissait sur le seuil de la chambre avec ses cheveux à moitié défaits et sa robe ouverte. Je reconnaissais dans ce désordre la main de Gaston.

— Nous parlons raison, dit Marguerite, laissez-nous un peu, nous vous rejoindrons tout à l’heure.