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Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/174

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— Au contraire.

— Je vais continuer alors ; si vous me laissiez seul, je ne dormirais pas.

— Quand je rentrai chez moi, reprit-il, sans avoir besoin de se recueillir, tant tous ces détails étaient encore présents à sa pensée, je ne me couchai pas, je me mis à réfléchir sur l’aventure de la journée. La rencontre, la présentation, l’engagement de Marguerite vis-à-vis de moi, tout avait été si rapide, si inespéré, qu’il y avait des moments où je croyais avoir rêvé. Cependant ce n’était pas la première fois qu’une fille comme Marguerite se promettait à un homme pour le lendemain du jour où il le lui demandait.

J’avais beau me faire cette réflexion, la première impression produite par ma future maîtresse sur moi avait été si forte qu’elle subsistait toujours. Je m’entêtais encore à ne pas voir en elle une fille semblable aux autres, et avec la vanité si commune à tous les hommes, j’étais prêt à croire qu’elle partageait invinciblement pour moi l’attraction que j’avais pour elle.

Cependant j’avais sous les yeux des exemples bien contradictoires, et j’avais entendu dire souvent que l’amour de Marguerite était passé à l’état de denrée plus ou moins chère, selon la saison.