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Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/26

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XII


les trahisons, qui sont l’accompagnement ordinaire des ténébreuses amours. Il y avait certainement, autour de cette personne, enlevée si tôt par la mort, une certaine tenue, une certaine décence irrésistible. Elle a vécu à part, même dans le monde à part qu’elle habitait, et dans une région plus calme et plus sereine, bien qu’à tout prendre, hélas ! elle habitât les régions où tout se perd.

Je l’ai revue, une troisième fois, à l’inauguration du chemin de fer du Nord, dans ces fêtes que donna Bruxelles à la France, devenue sa voisine et sa commensale. Dans cette gare, immense rendez-vous des chemins de fer de tout le Nord, la Belgique avait réuni toutes ses splendeurs : les arbustes de ses serres, les fleurs de ses jardins, les diamants de ses couronnes. Une foule incroyable d’uniformes, de cordons, de diamants et de robes de gaze encombrait cet emplacement d’une fête qu’on ne reverra pas. La pairie française et la noblesse allemande, et la Belgique espagnole, et les Flandres et la Hollande parée de ses antiques bijoux, contemporains du roi Louis XIV et de sa cour, toutes les lourdes et massives fortunes de l’industrie, et plus d’une élégante Parisienne, semblables à autant de papillons dans une ruche d’abeilles, étaient accourues à cette fête de