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Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/276

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tenions la main, et depuis un grand quart d’heure nous ne parlions pas, quand Marguerite me dit :

— Voici l’hiver, veux-tu que nous partions ?

— Et pour quel endroit ?

— Pour l’Italie.

— Tu t’ennuies donc ?

— Je crains l’hiver, je crains surtout notre retour à Paris.

— Pourquoi ?

— Pour bien des choses.

Et elle reprit brusquement, sans me donner les raisons de ses craintes :

— Veux-tu partir ? je vendrai tout ce que j’ai, nous nous en irons vivre là-bas, il ne me restera rien de ce que j’étais, personne ne saura qui je suis. Le veux-tu ?

— Partons, si cela te fait plaisir, Marguerite ; allons faire un voyage, lui disais-je ; mais où est la nécessité de vendre des choses que tu seras heureuse de trouver au retour ? Je n’ai pas une assez grande fortune pour accepter un pareil sacrifice, mais j’en ai assez pour que nous puissions voyager grandement pendant cinq ou six mois, si cela t’amuse le moins du monde.

— Au fait, non, continua-t-elle en quittant la fenêtre et en allant s’asseoir