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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/170

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Trompant à force de ruses la surveillance active dont elle était entourée, un soir, elle se faufila chez une voisine récemment accouchée, à laquelle le médecin avait ordonné de prendre du cognac comme hémostatique. Apercevant une bouteille de Martel pleine sur la table du salon, elle s’en saisit fiévreusement et la but au goulot jusqu’à la dernière goutte.

Quand le mari de l’accouchée rentra, il trouva son cadavre roide sous la table.

Et cependant cette femme possédait des qualités réelles, un grand cœur, beaucoup d’élévation d’esprit. Dans des circonstances pénibles pour l’amant de son choix, elle s’était montrée héroïque, d’un dévouement sublime même. Jolie et d’une éducation parfaite, elle avait tout pour être heureuse et faire le bonheur des siens. La morphine en fit une brute.

Pauvre âme !