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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/196

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Le mari cirait parquet et bottines, époussetait, rangeait, cuisait le fricot, lavait la vaisselle, faisait les commissions, puis allait se piquer le nez chez les mastroquets et se faire rosser dans les réunions publiques, portant toujours beau avec de grosses bagues aux doigts et une chaîne en or de deux cents grammes à son gilet.

Ils avaient l’un et l’autre un peu changé depuis le jour où Louchard avait parlé au ministre. Le mari ramenait ses cheveux, traînait la jambe, bedonnait du ventre et trognait à la couperose.

Madame avait remplacé sa chevelure luxuriante par une perruque blond d’or, sa bouche recélait un dentier complet, un millimètre d’épaisseur de céruse fardée lui emplâtrait le visage, des boules de coton simulaient des seins disparus et des hanches étiques. Avec ses toilettes printanières, cela lui refaisait une seconde jeunesse.

Quand le soir, déshabillés, débarbouillés, la perruque sur le sujet de la pendule, les dents dans un verre d’eau, le coton sur le canapé, ils se couchaient, le couvercle couvrait la marmite fêlée, c’était drôle.