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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/210

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séduite, fléchit et étouffe définitivement la plainte et les témoignages.

Encore, si les criminels ainsi amnistiés et leurs protecteurs avaient le tact de se taire, de se faire oublier ; mais non, ils ne s’en cachent pas, au contraire, ils le publient comme une sorte d’immunité de classe, un privilège personnel.

Les femmes sont surtout habiles pour ces sortes de sollicitations. Ministres, présidents de cour et de chambre, procureurs, juges, elles les assaillent tous, bravent leur pudeur, avec une foi héroïque en leur talisman sexuel. Partout, à leur domicile, à leur cabinet, dans les salons, à l’église comme dans la rue, elles s’offrent, avec un cynisme déconcertant, en expiation, exaltées en leur jeunesse, leur beauté et leur stratégie séduisante.

Les magistrats ne sont pas plus de bois que les autres hommes ; au contraire, l’idiosyncrasie particulière aux professions qui exigent avec l’immobilité du corps un labeur cérébral continu, les prédispose à l’érotomanie constitutionnelle.

Enfin, il faut tenir compte de la dilution morale de l’époque et du dualisme de l’esprit moderne. Les caractères sont tellement rares de nos jours qu’il faut autre chose que la lanterne de Diogène pour en découvrir un, Donna è mobile n’a de valeur que comme mot satyrique. Tous les hommes sont changeants : on est aujourd’hui ce