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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/232

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tendres, poétiques ou ramollies. Toutes les femmes possèdent l’art et l’esprit de ce jeu d’attrape-nigauds et savent dans les circonstances propices le mettre à profit.

On connaît toutes les insanités des romances pour pensionnaires : Pour un sourire de tes lèvres, pour un regard de tes yeux, je braverais l’Univers, j’irais te chercher une couronne au plus profond des enfers, je décrocherais les étoiles pour t’en faire une parure, et autres calembredaines de l’espèce.

On connaît à peu près le nombre d’imbéciles qui ont sombré à Charenton, qui ont piqué une tête dans la Seine, qui ont rôti sur le gril de saint Laurent, qui se sont pendus, revolvérisés, asphyxiés, qui ont perdu leurs cheveux, pour un sourire de ces lèvres-là, pour un regard des yeux des croqueuses de millions et d’héritages, mais on n’a jamais vu le Temps braver l’Univers et, certes, ce n’est pas lui qui s’arrête aux bagatelles de la porte.

On m’objectera que tous les hommes ont été plus ou moins braisés par ce petit jeu.

Je le sais ; à preuve le petit tringlot qui écrivit à la duchesse de Malespine :

« Ton sourire se promène en cabriolet sur le boulevard de mon cœur, et l’ardeur de ton regard a fait roussir les poils de ma capote. »

C’était une chauffeuse bon garçon que cette pré-