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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/53

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plus que les rencontres amoureuses fortuites de deux êtres ne peuvent inspirer l’amour complet, l’exercice du droit marital ne peut en déterminer la stabilité. L’homme, la femme, aime une heure, un jour ; pour la continuité de la suggestion, de l’attraction, il faut la science de la volupté, qui sublime les sens ; il faut que l’idée domine la chair. La volupté imaginative est intense, toujours active ; celle qui n’a pour inspirateur que l’ardeur naturelle est furtive, éphémère. Vous me comprenez, Altesse.

— Parfaitement, même mieux que vous ne l’expliquez.

— Il doit en être ainsi ; la volupté est d’intuition, ses dépravations ne s’enseignent pas ; elles se révèlent.

— Vous m’accorderez bien qu’il faut une initiation préliminaire.

— Point ; l’initiation est provoquée par un accident fortuit toujours, mais l’idée génératrice est dans l’être. Prenez n’importe quelle jeune fille, elle s’est fait un roman de l’amour, mais un roman où il y a toutes les surprises, toutes les épopées voluptueuses. Après deux ou trois mois de mariage qui ne lui ont permis que de lire les titres des chapitres de son odyssée maritale, elle s’écrie désespérée : « C’est ça le mariage ! il valait bien la peine d’en faire tant de mystère ! » Le livre vrai de la volupté, elle l’a vécu dans l’intimité de sa pensée et elle le