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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/74

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Jamais un mot de remerciement ni de satisfaction, pas un soupir ; c’était une jouisseuse concentrée.

La spécialité académique de la maison était l’exhibition de tableaux vivants dans lesquels figuraient vingt, trente, quelquefois quarante sujets.

Ces tableaux, progressivement scéniques, mythologiques et pornographiques, étaient une création de l’Italienne.

Les représentations en étaient très suivies. Lesbiennes de marque et vieux messieurs, au maintien digne, qu’on appelait les sénateurs, bondaient le grand salon qui en était le théâtre.

Les figurantes étaient vivement disputées, après chaque séance, pour une exécution plus intime. Les sénateurs, très opiniâtres, n’entendaient pas céder le sujet de leur choix.

Pour les accorder, la tenancière leur faisait l’as de cœur.

Elle prenait un jeu de cartes, les distribuait une par une. Celui à qui échouait l’as de cœur devenait possesseur du sujet disputé.

La recette dépassait souvent cinq mille francs.

Quand chacun avait sa chacune et chacune sa semblable, les chambres de l’étage et les boudoirs étaient occupés jusqu’au jour.

Les femmes du monde venaient y chercher un soulageur, les jours d’angoisse budgétaire.