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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/12

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meuble antique, précieux d’attendrissante et désuète finesse. Une sainte Cécile d’or le sommait d’un air quelque peu païen. D’une lenteur guindée de douairière racontant, avec des mines, une histoire salace d’ancien régime, les heures churent une à une. Les onze coups se succédaient avec des variations infimes, mais charmantes, dans le timbre. Quand tout fut fini, l’aiguille marquait onze heures quatre.

Jean Dué avait écouté curieusement cette musique. Le dernier coup lui fit sentir dans l’air une sorte de présence hostile. La vaste demeure coite où il se savait seul l’écrasait, en ce moment, de sa mutité.

Il se leva d’une détente pour chasser l’impression fâcheuse. L’étage bas pesa plus lourdement à son front. Pas un bruit terrestre ne lui était perceptible. Il se songea une seconde en quelque terre perdue au sein d’un océan, ou dans une de ces cités romanesques que la mort a vidées d’habitants…

Jean Dué haussa les épaules d’un geste de colère. Cet adolescent robuste et féru de sports détestait les rêveries romantiques.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C’était en un rez-de-chaussée de demeure cossue et provinciale. Chaque semaine, les parents de Jean Dué le laissaient seul du samedi au lundi. Ne préparait-il pas son baccalauréat ?