« mon »), vous êtes venu avec des airs séducteurs, et ce matin, après déjeuner encore.
Il fit un geste de dénégation, mais elle reprit :
— Ah, je l’ai bien vu. Vous n’avez pensé qu’à ça depuis hier soir que je suis ici. Me voir lever mes jupes. Bien sûr ! Vous un Dué de luxe, un Dué riche, un Dué qui aura une voiture auto en sortant du lycée et moi je suis une Dué gueuse, qui n’a à elle que son corps. Alors ç’aurait été un vrai succès pour le Dué riche que de coucher avec la Dué pauvre. N’est-ce pas, avouez-le donc ?
Il eut pitié de cette colère enfantine. Fallait-il qu’on l’eût fait souffrir chez elle pour que cette enfant pût exhaler une rage aussi mûrie.
— Lucienne, ne croyez pas cela…
— Mais je l’ai vu, mon cher !…
— Lucienne, vous êtes assez jolie pour attirer les passions, même d’un cousin.
Il croyait la désarmer par ce compliment, mais la jeune fille se relança :
— Ah, oui ! J’attire les passions. Vous. feriez mieux de dire que j’ai dix amants…
— Voyons, Lucienne !
— Je le sais. Depuis hier vous êtes à fureter pour voir ma peau, vous êtes à me palper…
Il se souvint qu’elle lui reprochait aussi de s’asseoir trop loin d’elle, et sourit.