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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/124

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— Lucienne, embrasse-moi.

Elle l’embrassa froidement, et il comprit que les êtres trop passionnés ne sauront jamais rendre la justice.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La rue sombre les accueillit. C’était une venelle donnant au dos du vaste immeuble des Dué. Ils avaient évité la grande porte, près de laquelle on gardait toutes chances de trouver des gens jusqu’à minuit.

Jean ferma, reprit le fardeau et fit signe à sa cousine. L’un suivant l’autre ils se faufilèrent dans un passage, puis, de là, dans une autre ruelle, qui sentait puissamment l’écurie. La nuit était presque totale. Ils firent ainsi deux cents mètres. Alors ils s’arrêtèrent.

Jean chuchota :

— Maintenant nous sommes assez loin de chez moi pour ne plus être reconnus, sauf sous un bec de gaz, et nous allons les éviter. Prenons donc par ici. Dans un quart d’heure nous serons hors de la ville.

Lucienne le suivit sans dire un mot.

Ils passèrent dans un écheveau compliqué de voies tortes. De temps à autre une lumière luisait au loin, mais Jean, qui connaissait très bien les secrets de ce dédale, allait alors d’un pas prompt. Il expliqua, en passant au long d’une porte lourde et cintrée :