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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/133

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Il fut dans une seconde cour, carrée et laide. Des bâtiments démesurés la bordaient sur trois faces. La quatrième était constituée par une muraille de quinze mètres, merveilleux édifice digne des Romains. Jean vint à gauche, près d’une porte, et prit rang parmi ses camarades. Ils étaient seize, de toutes mines et de tous aspects, du jeune homme élégant et grave à l’enfant exhibant tardivement des mollets nus, du costaud aux yeux bovins au vicieux trop fluet.

— Toi, dit un adolescent blème et noir de poil, l’air d’un homme mûr qu’on aurait imparfaitement rajeuni, toi, Dué, tu pues la gonzesse.

Jean le regarda obliquement.

— Et ta sœur ?

— Elle va. Elle sera avocate avant toi, hé, Don Juan !

Le professeur apparut. Il venait avec douceur et indolence. C’était un petit homme frêle et charmant, qui publiait dans les journaux de Paris des articles de critiques féroces et sanguinaires.

— Regarde sa pomme. Hier soir il était encore à minuit au café des Patates. (Le café des Patates était normalement dit de l’« Agriculture ».). Si on avait la chance qu’il dorme un petit peu jusqu’à dix heures…