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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/146

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changement. Turlup s’en irait à Bourges, retrouver sa femme qui professe au lycée de jeunes filles. Alors, on enverrait un nouvel agrégé pour les langues vivantes.

Jamais M. Dué ne questionnait son fils sur ses succès ou insuccès scolaires. Il voulait ainsi prouver son entière confiance dans l’activité de Jean. En fait, il était strictement informé, par voie indirecte, de tous les comportements de son héritier.

Il demanda encore :

— Turlup, c’est un catholique, je crois ?

— Oh ! répondit Jean, avec des nuances personnelles dans ses conceptions religieuses.

— Comme il convient, conclut M. Dué. Une religion doit toujours s’individualiser.

Mme Dué ajouta d’une petite voix fluette :

— Une religion n’est pas une caserne.

Un silence naquit et se prolongea.

— Je te ferai lire ces jours le dossier de l’affaire Chouzuc, reprit le père. Tu étudieras cette cause. Je ne pense pas qu’il puisse en exister une plus belle pour un avocat. Lorsque tu seras inscrit au barreau, je souhaite qu’il t’en vienne une semblable.

— Dites-moi succinctement ce dont il s’agit ? demanda poliment Jean.

— Un crime abominable, dont nous n’avons pas le coupable. (M. Dué disait « nous » pour