Aller au contenu

Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jean, ému, dit :

— Pourquoi ?

Elle se pencha vers lui et mâcha durement des mots de haine :

— C’est une brute. Il bat les femmes qu’il fréquente, il les tue, il a fait mourir la petite Sautepied, tu sais, qui avait quatorze ans. On n’a pas osé le poursuivre. C’est un Dué. Mais quel salaud !

Jean sentit une émotion neuve courir en lui. Ah ! que de misères et de pleurs sanglants cache la vie des pauvres dont le destin servile est une sorte de promesse d’accepter tout ici-bas.

Il demanda âprement :

— Il ne l’a jamais touchée, Lucienne, hein ?

Étonnée elle eut un frisson, comme prévoyant un drame inconnu dont les données se nouaient devant ses yeux.

— Tu l’aimes, dis ?

Il ne répondit point.

— Ah ! si tu savais tout… Car le ferrouillard est malade avec ça… et une maladie…

Il voulut questionner.

— Il ne l’a jamais touchée, n’est-ce pas ?

Voulut-elle le laisser souffrir, en une revanche de sa pauvreté vaincue ? Songea-t-elle plutôt à éviter de se prononcer ?

Le fait est qu’elle ne répondit point à la