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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/171

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Jean sentit que le « mon chéri » venait d’une âme indifférente à ses propres promesses. Il connut le découragement.

— Allons, je m’en vais… Mais pourquoi, Alphonsine, ne vas-tu pas à Paris où ton travail serait peut-être plus rémunérateur qu’ici ?

Elle eut un rire léger.

— Et ma fille ?

— Il faut pourtant que tu t’arranges.

Elle crut sentir une menace.

— J’agirai comme tu voudras. Tu pourrais me faire mettre au bloc…

Froissé, il certifia :

— Mais non… Je n’y ai jamais songé, voyons.

Ne sachant comment le satisfaire, elle ajouta simplement :

— Non, petit, c’est la vie ça… et le reste. Tiens, en causant avec toi j’ai perdu quinze francs. Trois hommes sont passés, des habitués…

Il ne voulut plus lutter. Le déterminisme du malheur était trop lourd pour sa force. Il s’en alla. Elle le suivit et ils vinrent côte à côte jusqu’à la rue éclairée. À ce moment passa un homme de carrure massive, la tête enfoncée dans les épaules et la démarche dandinante. La femme se serra le long de Jean.

— Le ferrouillard… Va-t’en. Il serait capable