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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/195

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mystérieuses arabesques sur le ciel gris et limpide. En se retournant Jean discernait les dernières lumières de la ville, pareilles à des clous brillants et jaunes. Sur le sol feutré de mousses du sentier champêtre, où les voitures ne passaient pas, la marche fut douce et charmante. Un cri d’oiseau nocturne lui vint d’un haut buisson côtoyé.

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Jean marchait tranquille et serein. Le grand air et la tristesse nocturne calmaient sa fièvre. Il se trouvait maintenant beaucoup moins pressé d’arriver. Il songeait à la peine de sa cousine, lorsqu’il prononcerait les mauvaises paroles. Alors une vague bonté lui disait de se moins hâter. Puisqu’il en viendrait là, pourquoi ne pas attendre le dernier moment ?

À certaine minute il vit au loin des ombres venant en sens inverse sur sa route. Pour ralentir encore, il se dissimula dans un buisson. Un homme et une femme passèrent, des campagnards, qui parlaient haut d’un ton criard, Jean attendit que derrière lui ils fussent disparus pour se remettre en marche.

Alors il reprit son chemin. Il trouvait un charme infini à ce sentier large comme une grand’route mais que le passage d’une voie ferrée avait jadis coupé, en lui refusant un passage à niveau.