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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/210

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les livres enseignaient sans cesse à s’émouvoir. Ses yeux dirent, devant le regard aiguisé de Lucienne, son bouleversement secret. Elle sut encore deviner le mystère de cette bouche abattue et de cette larme qui sourdait aux angles intérieurs des paupières. Alors elle joua sa partie. Elle n’était point pure, mais ne s’était jamais offerte. Une flamme âcre passa en elle sans pourtant altérer son esprit aigu et froid. Une seconde elle appartint à Jean, de tout son corps laminé par le besoin d’une douleur heureuse. Et dans cette impulsion ardente, elle sauta sur le jeune homme, pareille à la mante dévoreuse de mâles, arquée et possessive, cruelle inconsciemment, et sanglée par le désir.

Elle prit comme un bourreau la tête juvénile de son cousin, la tordit et apposa ses lèvres sur la bouche vierge. Une saccade des avant-bras approfondit ce baiser ; une crispation ouvrit ses lèvres, et des dents elle entre-bâilla de force la bouche virile. Alors elle en prit coléreusement les muqueuses éréthisées puis posséda Jean ainsi avec la fougue râlante d’un amant exaspéré qui révèle l’amour à une jeune fille vaincue…

Le jeune homme, comme sous le passage d’un arc voltaïque, plia les reins, sentit un tison ravager ses lombes et pâma.