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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/22

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Une main venait au devant du jeune homme qui la prit gauchement par un violent effort. Si son seul souhait avait été réalisé par un dieu il se fût sur-le-champ englouti à cent pieds sous terre.

— Voyons, mon cousin, vous ne voulez pas me dire bonjour ?…

Écarlate, prodigieusement humilié. Jean Dué ne sut comment accueillir la jeune fille qui s’approchait jusqu’à le toucher. Elle était aussi grande que lui, et, comme elle l’accola, il sentit un corps de texture différente, agile, léger et preste, mince et souple, bombé, pourtant… Enfin un flot d’épithètes homériques lui revint. C’était le retour du sang-froid.

— Voyons, mon cousin, je n’étais déjà pas rassurée de me sentir dehors à cette heure et sans savoir si vous ouvririez. Mais ne croyez-vous pas qu’il soit bon de converser ailleurs que dans la rue, maintenant ?

Elle riait, la voix toujours atténuée mais audacieuse. Jean se sentit une haine violente devers ceux qui l’avaient éduqué de façon à le laisser ainsi coi devant une adolescente. Il méprisa soudain les professeurs incapables de lui enseigner, avec tout leur grec et leur latin, à parler avec aisance à une jeune fille. Il aurait, en ce moment, donné toute sa science pour savoir dire les mots qui plaisent et qui