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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/242

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se mut vers le dehors. Il resta une demi-minute devant l’huis qui une fois franchi ne se rouvrirait peut-être plus pour lui. Les dés tournaient. I] ne pourrait plus, malgré tous les conseils, revenir en ce lieu après ce qu’il avait fait. Les dés se fixèrent. La mâchoire bloquée comme une porte de prison, il ouvrit avec précaution, sortit et referma.

Maintenant le monde s’étendait devant lui, déroulé sans confins avec ses terres, ses humains et ses climats innombrables. Il pensa sortir d’une geôle et que l’infini venait à lui comme une femme. Au pas de sa marche il entendait crisser au fond de sa poche les dix billets de mille francs volés à l’instant dans le coffre de son père.

L’air du dehors dissipa d’un coup son épouvante, et la lutte cachée que menaient au fond de sa conscience les deux forces de son esprit. Son pas devint ferme et il leva la tête vers le ciel irisé.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À quoi bon s’en aller maintenant en lièvre craintif et effarouché ? Jean n’est plus ce qu’il était tout à l’heure. Maintenant c’est un homme, débarrassé de tous préjugés et de toutes craintes sociales, qui gagne les sommets de l’individualisme où il regardera vivre les êtres. Rien ne l’émeut plus, rien ne saurait toucher son cœur