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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/29

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voyageurs riches, qui, l’été, passaient en auto dans la ville et hantaient obstinément les deux boutiques de brocanteurs du cru.

Ces Dué habitaient une maison ancienne, conservée jalousement, et que, dans leurs plus sombres heures, les membres de la famille n’avaient jamais voulu vendre ni hypothéquer.

Une seconde branche naquit de fils ayant rompu avec leurs parents à travers le temps et refusé de se soumettre à la tradition. Ceux-là se créaient des situations incertaines et tombaient lentement dans le prolétariat. Sur huit familles de Dué pauvres ainsi constituées dans le passé, cinq s’étaient éteintes de misère et de débauches, d’alcool et de mysticisme. Même, de l’une d’elles, toutes les filles, vers 1830, entrèrent en religion. Mais les trois rameaux encore vivants gardaient une puissante vitalité. L’un d’eux, après une lutte d’un siècle, semblait commencer de s’élever. Ses membres, longtemps avaient été employés, jeunes, à forger, vieux, à tirer le soufflet chez un maréchal de forge, de vieille tradition lui aussi et dont les aïeux possédaient au milieu du xviie siècle le monopole du commerce des métaux dans le pays. Ayant épousé une fille de forgeron, un de ces Dué s’était installé serrurier. L’automobilisme en fit un mécanicien. La fortune lui était venue. Plein de morgue et de violence,