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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/37

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rentrait chez elle par une petite ruelle tortueuse et déserte, elle rencontre son oncle et futur époux. Il l’arrêta. Quelles étaient ses intentions réelles aux premiers mots ? Sans doute n’en avait-il aucune fermement formulée.

Mais cet homme sanguin et coléreux, devant une grande jeune fille, en vint tôt à l’excitation la plus précise. Il lutta en soi-même, moins par délicatesse que par prudence. L’instinct fut le plus fort. Il étreignit Lucienne et l’immobilisa, puis il tenta des contacts plus intimes. Elle se défendit. Ce fut une lutte silencieuse et violente. L’homme n’était pas le maître de sa proie. La colère le saisit et il brutalisa l’enfant farouche. Ce fut en vain. Il allait la jeter au sol, et, ignorant le lieu, tenter peut-être de la violer, mais elle laissa échapper un cri de douleur, tant la serraient les dures mains du forgeron.

Alors, d’une maison voisine, par la fenêtre, un buste se pencha. La ruelle n’était pas éclairée. Le curieux ne vit donc qu’une masse confuse, mais il devina bien que ce fut un couple dont la femme se défendait.

Il cria :

— Dis donc, cochon, vas-tu la laisser tranquille. Veux-tu que j’aille chercher les gendarmes.

Ce fut comme une douche sur la tête de l’homme au tablier de cuir.