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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/44

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Elle rit aussi, l’air félin et tourna à demi la tête avec une affectation de pudeur :

— Dame, je ne sais pas, moi, une jolie femme ?

Jean rougit violemment. Les idées se heurtèrent un instant dans sa tête. Il ne sut que répondre. Il était assez averti pour le comprendre : rien n’est plus naturel pour un lycéen de rhétorique que de fréquenter secrètement une jolie femme. Certains de ses camarades se vantaient déjà d’intrigues complexes et de séductions exercées gaillardement. Il devinait donc le ridicule de sembler effarouché par cette pensée seule. Mais que sa cousine pût parler de telle chose avec ce sang-froid lui était pénible.

— Non, ma cousine ! je n’attendais pas une jolie femme !

Un accès de sincérité lui vint. Il aurait voulu tout dire de soi en une minute et éviter ce sourire un tantinet narquois qu’il lisait sur les lèvres de Lucienne.

— Ma cousine, je n’ai jamais amené de femme ici.

Elle rit, devina son embarras et voulut l’aggraver.

— Ici, peut-être, et encore n’êtes-vous pas obligé de me le dire, mais ailleurs…

Il resta coi. Sa volonté de franchise, fruit