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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/52

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de celui qu’elle a tué, quand elle était avec son père.

— Et puis ? dit Jean, que l’indignation clouait sur sa chaise et rendait incapable de s’exprimer.

— Eh bien, Jean, je me suis enfermée dans ma chambre. Quand ils ont été endormis je me suis sauvée.

— Ils n’ont rien entendu ?

— Non ! Pierre leur avait donné de l’eau-de-vie. Ils en avaient bu. Ils étaient…

Elle se tut.

Il regardait les grands yeux maintenant secs et le joli visage têtu. Un immense besoin de se dévouer tenait Jean Dué. Il ne savait comment l’exprimer et comment lui donner réalité. Mais ce besoin le brûlait puissamment. Maintenant, devenu en quelque façon le protecteur de sa cousine, il retrouvait sa maîtrise de pensée. La vieille tradition des Dué de magistrature s’affirmait dans ce cœur adolescent. Il ferait pour Lucienne tout ce qui serait humainement possible. Quoi ? Il ne savait encore, mais il déblayait le chaos des objections.

— Lucienne, dit-il avec quelque solennité, vous êtes sous ma protection.

Il devina l’esquisse d’un sourire sur le fin visage. Comment exprimer la chose de façon juste et saisissante ?