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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/72

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moment de découragement. Lui comprenait mieux maintenant cette âme ardente et portée vers les sacrifices extrêmes. Sa psychologie d’étudiant inspirée des formules raciniennes, lui rendait pourtant fort douloureuses certaines affirmations impudiques.

Il devina que désormais leur conversation serait une sorte de combat. Elle ne craignait point, en effet, le cynisme, ou ce qu’il tenait pour tel. Or Jean aurait voulu faire entrer de force ce petit destin, déjà infiniment chéri, dans un cadre strict, rassurant pour l’esprit, et surtout moral. Mais son impuissance à aborder une discussion exacte et certaine sur l’avenir de sa cousine lui apparut aveuglément.

Il dit alors :

— Lucienne, voulez-vous vous coucher ?

— Où ? dit-elle.

— Dans mon lit.

Elle le regarda âprement, avec, dans les plis de la bouche, une question non formulée, et qu’il ne sut lire avec précision. Il baissa les yeux.

— Oui, Lucienne. Moi, je vais rester ici. La bonne va arriver dans trois heures sans doute. Vous reposerez durant ce temps. Vous en avez plus besoin que moi. Je veillerai jusqu’à ce moment-là. Alors je monterai vous avertir et vous gagnerez la petite chambre, sous le toit, où l’on met les vêtements hors de saison.