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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/159

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nassent sans réflexions vaines tout ce qui se passait dans la maison et autour du jardin. Il avait confiance en leur sincérité fruste. Elles accouraient dire les plus minimes choses à Ticlarès, l’esclave fidèle et incorruptible, secrétaire du Proconsul, qui notait tout avant d’en rendre compte. Dans la maison fébrile et attentive, en ce moment, seize courriers étaient prêts à partir et huit scribes en position de rédiger des ordres ou des missives. Mamurra habitait là aussi. Il était même en ce moment jaloux des esclaves gauloises, que le Proconsul prenait dans son lit, chaque jour, par deux.

Cet après-midi-là, César marchait sombrement dans les allées tournantes du parc. Vêtu d’une toge à large bordure d’or, il méditait les secrets prochains de sa destinée.

Qu’il remontât plus loin dans son passé lui rendait la minute présente plus amère. Il avait débuté dans la vie avec une immense horreur des guerres intérieures. À quatorze ans, mené en litière chez Titulus Gallus, il avait vu en passant, sur le Forum, autour du petit mur entourant le figuier Ruminal, dix têtes humaines coupées, d’amis de Marius, que le soleil empuantissait. Il se souvenait des exploits féroces de Sylla, qu’on racontait chaque soir chez lui, et de tant d’ignominies cau-